Société du Canal de Provence : un bastion CFDT qui multiplie les accords abonné

À la Société du Canal de Provence, la CFDT a toujours été en position de force grâce à un travail d’écoute des salariés et un dialogue social constructif qui a permis de signer de nombreux accords sur l’organisation du travail, le télétravail ou les seniors.

Par Jérôme Citron— Publié le 10/08/2020 à 05h50

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En Provence, l’eau a toujours été une richesse dont il faut prendre soin et encadrer l’utilisation. Afin d’éviter un chacun pour soi mortifère, deux départements (le Var et les Bouches-du-Rhône) signent en 1955 un pacte de solidarité avec la ville de Marseille pour gérer la précieuse ressource de manière équitable et solidaire au profit des agriculteurs et des industriels. La Société du Canal de Provence (SCP) naîtra officiellement deux ans plus tard et se verra confier par l’État dans les années 60 la mission de construire et d’exploiter l’ensemble des infrastructures nécessaires sous forme de concession jusqu’en 2038. Entre-temps, cette concession sera transférée à la Région, sans modification de sa mission : mettre à la disposition des principaux acteurs économique provençaux une eau (non potable) à moindre coût grâce à une mutualisation des frais de pompage et de distribution. Au fil des années et des travaux, l’entreprise va se développer. Le patrimoine concédé est aujourd’hui estimé à environ 2,5 milliards d’euros.

Le leadership de la CFDT jamais remis en question

Syndicalisme ouvert à la discussion
La section a toujours joué le jeu du dialogue social dans l’entreprise. Une véritable culture de la négociation qui a permis la signature d’accords innovants dans une période moins simple qu’il n’y paraît. Car si l’entreprise se porte bien, elle est en train de changer progressivement de culture managériale. En 2038, à la fin de la concession, elle sera remise en concurrence, d’où la volonté de la direction d’élargir ses activités et d’affirmer son savoir-faire.

Volonté d’avancer en étant unis
Tous les grands accords ont été signés par l’ensemble des organisations syndicales. L’étiquette syndicale n’est pas forcément mise en avant dans l’entreprise. « Nous ne faisons guère de distinctions entre les élus, souligne le délégué syndical CFDT. Nous fonctionnons sur la confiance et il n’y a pas de problème, même à propos de sujets sensibles comme les heures de délégation. »

Investissement dans les structures CFDT
Cette unité syndicale dans l’entreprise n’est pas pour autant synonyme d’isolement syndical. Les élus CFDT de l’entreprise participent aux travaux du syndicat SGA 13 (Syndicat CFDT agroalimentaire des Bouches-du-Rhône) et des structures interprofessionnelles. Un militant a, lui, décidé de s’investir dans la CFDT-Cadres aux niveaux régional et national.

De mémoire de militants encore présents dans l’entreprise, la CFDT a toujours été à la manœuvre. Son leadership n’a jamais été remis réellement en question, et il n’y a jamais eu de véritable querelle syndicale. « Cela peut parfois frotter un peu au moment des élections mais, ensuite, tous les élus travaillent ensemble quelle que soit leur étiquette syndicale, résume Jean-Rémi Pepe, l’actuel délégué syndical CFDT. Nous sommes une petite entreprise où tout le monde se connaît et il n’est pas question de se tirer dans les pattes. » Côté économique, après quelques années un peu difficiles, la société va de nouveau bien. Soixante ans après sa création, les frais liés à la construction des infrastructures sont derrière elle. L’entreprise peut maintenant afficher des bénéfices et se projeter dans l’avenir. Le climat est donc propice à un dialogue social constructif comme le montrent les accords signés ces dernières années.

Un accord-cadre qui couvre de nombreux domaines

En 2016, l’ensemble des organisations ont ainsi négocié et signé un vaste accord sur le management des ressources humaines à travers lequel l’entreprise s’engage dans six domaines d’action : l’émancipation des collaborateurs afin de les rendre acteurs de leur parcours professionnel ; le dialogue social, en allant au-delà des obligations réglementaires ; l’anticipation des besoins en emploi ; la diversité, en accueillant dans l’entreprise des collaborateurs représentatifs de la société ; la qualité du travail et de la vie au travail et, enfin, la santé et la sécurité.

Pour veiller à la réalisation concrète des engagements de la direction inscrits dans cet accord, trois instances paritaires se réunissent au moins deux fois par an. Une commission de suivi de l’accord a par ailleurs été mise en place, dans laquelle siègent les délégués syndicaux des organisations représentatives, un représentant du personnel appartenant à chacune des trois instances paritaires et la direction des ressources humaines. Elle se réunit au moins une fois par an. « À partir de cet accord, très large, nous avons pu mener des discussions sur des thématiques plus précises, explique Jean-Rémi. C’est ainsi qu’en avril 2018 nous avons signé un accord relatif au télétravail et au droit à la déconnexion et qu’en juillet de la même année nous avons obtenu un accord seniors particulièrement intéressant pour les salariés âgés de 57 ans et plus. »

Temps de travail, télétravail et droit à la déconnexion

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