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le pavé dans la pub n°22 : édito

Publié le 22/12/2023

Le crépuscule des enfants terribles de la pub

édito n22

Le temps où tout fils de pub – créatif comme commercial – pouvait partir aux Seychelles pour une simple « prise de vue » est bien révolu. La consommation de coke et de shit a été remplacée par celle d’anxiolytiques, et autres antidépresseurs. Quant aux mâles dominants du secteur incapables de contenir leur testostérone, ils apprennent vite à leurs dépens que le mouvement MeToo est passé par là, comme le démontre l’actualité foisonnante des réseaux et des agences de lobbying qui recensent les cas de harcèlement sexuel en agence.

Sous les coups de boutoirs successifs de la financiarisation des années 80, de l’arrivée du numérique dans les années 2000 et des évolutions sociétales récentes, le monde merveilleux de la pub s’est métamorphosé en son exact contraire : un métier comme les autres, soumis aux mêmes règles économiques et juridiques. S’il pouvait se croire unique à la fin du siècle dernier, tout publicitaire se sait désormais en concurrence avec des salariés à l’autre bout du monde – et, comble de l’humiliation, avec des IA génératives, dont les algorithmes s’apprêtent à révolutionner images et contenus. Il se doute même qu’un jour ou l’autre, il pourra avoir besoin d’une organisation syndicale. Sur un marché du travail de plus en plus tendu et imprévisible, avec une pression croissante sur les résultats et une impression de ne plus rien maîtriser, quoi de plus normal ? De plus nécessaire ? Comment négocier de meilleures conditions de travail, des accords égalité professionnelle et du droit à la déconnexion sans un contre-pouvoir capable d’en expliciter les modalités et les enjeux ?

Ce n’est sans doute pas un hasard si de plus en plus de salarié(e)s de la publicité – commerciaux, créatifs, planneurs stratégiques, webdesigners, comptables, responsables studios… – nous font confiance, contribuant à faire de la cfdt la première organisation syndicale dans le privé en général, et sur la branche publicité en particulier.

Faut-il s’en plaindre ?