EXPERTS-COMPTABLES : Actualité de la branche - juin 2023

Après plus de 6 mois de tergiversation autour des minima salariaux de branche, la négociation a tourné court. Pour rappel nous avons subi une tentative de contournement de la loi du 16 août 2022 par les patrons lors de la première revalorisation du SMIC en janvier de +1,8% et l’absence de mandat patronal pour établir une proposition alors que le SMIC était une nouvelle fois revalorisé de +2,22% au 1er mai.  

Lors de la CPPNI du 2 juin le patronat a fait une contreproposition indécente : +4,5% du point de base et +0% du point hiérarchique (proposition syndicale + 9% du point de base et + 9,5% du point hiérarchique) ce qui entraine mécaniquement une hausse du premier niveau de la grille de +4,4% et du dernier niveau de +1,71% dans un contexte inflationniste de plus de +6%.  

Le fait de ne pas proposer une revalorisation du point hiérarchique induit automatiquement un nouveau tassement de la grille. C’est pour cette raison que cette séparation apparait comme une ligne rouge de la négociation. Nous ne pourrons progresser qu’avec une augmentation conjointe des deux pans de rémunérations se situant au-dessus du taux d’inflation subi.  

La branche nous explique qu’une négociation avait abouti sur un résultat satisfaisant en 2021. Elle oublie juste que cette dernière s’inscrivait dans un rattrapage d’année blanche 2020 lié à la crise sanitaire. Période au sein de laquelle les cabinets ont engrangé une forte croissance en raison de la diminution de leurs coûts fixes aidés par la diminution des charges fixes supportées par... les salariés, et de quelques aides significatives de l’Etat. Le risque de défaillance des clients des cabinets comptables au regard de la crise énergétique ne s’est pas ressenti. Pire, pour anticiper, la profession réglementée a répercuté le risque potentiel dans sa facturation. Tout bon comptable sait... que ce risque est de toute manière, provisionné et que de plus, l’évolution mécanique de la masse salariale est un acte de gestion responsable.  

Seul point positif, alors même que la DGT avait été interpellée et qu’elle est restée sans réponse, les patrons ont mis fin à la volonté de ne travailler que sur les premiers niveaux de la grille. Cette négociation, prévue à l’agenda social, prendra sa place en groupe de travail Ad Hoc.  Le patronat de la branche a présenté sa proposition et, dès ses premiers mots, l’a qualifiée de ferme et définitive. Une bien curieuse pratique de la négociation. Sur l'ensemble des sujets et en particulier sur les salaires les négociateurs patronaux imposent leurs positionnements en justifiant d'un mandat ferme et définitif. La politique du "c'est à prendre ou à laisser" est purement inacceptable.    

A date l’augmentation proposée par les patrons des experts comptables et commissaires aux comptes signifierait que le premier coefficient de la branche passerait de 1 693,27 € à 1 767,79 €, c’est à dire environ 20 € de plus que le SMIC. Cette augmentation est dérisoire et méprisante au regard de l’inflation des produits alimentaires qui se situe à un niveau d’un peu plus de +14%. De plus, le niveau d’inflation global, bien que légèrement ralenti, se situait au mois de mai à +5,7% Il est à noter que la profession est règlementée et est en croissance permanente. Tous les rapports démontrent que la profession n’a pas subi les dernières crises, pour ne pas dire qu’elle a prospéré dans l’intervalle.   

C’est pourquoi, sous l’impulsion de la F3C CFDT, assumant ainsi sa place de leader sur la branche, et devant tant de mépris pour les salariés, l’ensemble des organisations syndicales a claqué la porte des instances paritaires du 2 Juin 2023. Un communiqué de presse intersyndical a été rédigé et envoyé à l’issu de la réunion paritaire.